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La pollution lumineuse correspond à un stade où les éclairages artificiels sont tels qu’ils nuisent à l’obscurité de la nuit. A la tombée de la nuit, ce sont ainsi des enseignes publicitaires, des lampadaires, des vitrines de magasins et bien d’autres encore qui remplacent le soleil et la lumière du jour.

Il s’agit néanmoins d’une pollution assez peu néfaste pour la santé en comparaison avec la pollution sonore ou de l’air mais n’est pas non plus sans conséquences. L’ingénieur en environnement René Kobler explique qu’elle peut avoir un effet nuisible ou incommodant sur les hommes, paysages et écosystèmes.

En 1830, les responsables d’éclairage de la ville de Paris, par souci économique, n’allumaient qu’un réverbère sur deux les soirs de clair de lune.

En 1988, une association américaine, Dark Sky met en lumière ce phénomène qui devient une véritable nuisance.

En effet, en 2016, c’était 83 % de la population mondiale qui vivaient sous un ciel plein de pollution des éclairages artificiels. Par ailleurs, environ un tiers de cette population mondiale n’est pas en mesure d’observer la voie lactée par les ciels d’été.

Les causes de cette pollution lumineuse

Elle est la conséquence d’une forte diffusion de la lumière artificielle par les gouttes d’eau, particules de poussières et aérosols en suspension dans l’air. De plus, la pollution atmosphérique fait partie des facteurs aggravants de la situation. On retrouve parmi ces facteurs la surpuissance des systèmes d’installation ainsi qu’une durée de fonctionnement supérieure aux besoins réels.

Quelles sont les sources de cette pollution lumineuse ? Les images satellites nous permettent ainsi de distinguer quatre types de sources lumineuses :

  • les lumières des grandes métropoles de pays industrialisés
  • les nombreuses voies de communication
  • les feux de forêts témoignant ainsi de catastrophes environnementales
  • les torchères nécessaires à l’extraction du pétrole qui semble être la source la plus intense

Par ailleurs, la démocratisation des lampes LED accentue la tendance. Leur lumière se diffuse intensément dans l’atmosphère avec des halos de lumière 10 fois supérieurs à une source de lumière classique.

Des conséquences à différentes échelles

La pollution a sur l’homme un double impact. En effet, on déplore deux conséquences principales d’une lumière trop intense sur la santé humaine. Différentes études mettent d’abord en exergue un impact sur notre sommeil. Sous l’effet de la lumière artificielle, la production de mélatonine, nécessaire pour un bon endormissement diminue fortement. C’est pour cela que pour avoir une bonne qualité de sommeil, il est important de se mettre dans une pièce la plus sombre possible.

Ensuite, selon des chercheurs de l’Université de Toronto, nous sommes en moyenne exposés pendant 7 heures chaque jour à toute forme de lumière artificielle. Cette forte exposition est notamment un facteur de développement de maladies comme le cancer de la prostate et du sein lié au manque de mélatonine.

Les espèces animales en sont également victimes. Marc Théry, chercheur au laboratoire d’écologie générale, affirme qu’une majorité d’oiseaux migrateurs sont désorientés en raison d’une trop grande source de lumière qui les empêche d’utiliser les étoiles pour se guider. D’autres comme les merles ou mésanges modifient ainsi leur reproduction et leur comportement.

« La pollution lumineuse peut perturber le comportement critique des espèces sauvages »

Amy Fraenkel, secrétaire exécutive de la Convention sur les espèces migratoires

Les insectes sont également victimes de la pollution lumineuse. L’éclairage intensif perturbe la chaîne alimentaire naturelle car ces derniers sont l’alimentation de base d’un grand nombre d’espèces animales.

« Les lumières nocturnes peuvent altérer les interactions naturelles entre espèces comme la compétition ou la prédation ; elles peuvent perturber l’orientation d’espèces nocturnes »

JP Bouly – Université Pierre et Marie Curie « Nuissances dues à la lumière »

Une diminution de 62 % de la pollinisation nocturne a été enregistrée par l’entomologiste de l’université de Berne, Eva Knop.

L’urbanisation des littoraux entraîne également une fragilité des récifs coralliens. C’est par exemple le cas dans le golfe d’Eilat au nord de la mer rouge où le récif corallien est particulièrement touché par un éclairage urbain d’une forte intensité.

Selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, l’éclairage artificiel représente 15 % de la consommation mondiale d’électricité et 5 % des émissions de gaz à effet de serre. Ce sont désormais plus de 50 pays qui ont accepté de prendre part au plan de partenariat mondial pour un éclairage efficace.

Une pollution lumineuse empêchant une correcte observation astronomique

Cela fait moins de 50 ans que les astrophysiciens dénoncent cet éclairage nocturne trop intensif qui empêche l’observation des étoiles et de la voie lactée. Ils lancent ainsi des plans pour inciter les maires à diminuer leur éclairage. 35 % de l’énergie lumineuse éclaire ainsi le ciel et les nuages alors qu’il devrait être, au contraire, en mesure d’éclairer le sol sur le périmètre autour de lui pour assurer la sécurité des piétons et automobilistes.

En 1958, la ville de Tucson en Arizona, a pour la première fois, été dans l’obligation de diminuer son éclairage car il perturbait l’observatoire de Kitt Peak.

Quelles solutions ?

Les collectivités locales sont engagées depuis plusieurs années dans la lutte contre la pollution lumineuse. C’est maintenant 70 % des métropoles qui prennent en compte un critère de biodiversité dans l’éclairage public avec une diminution de 24 % de l’éclairage public depuis 1990.

A l’étranger, des régions d’Italie et de République Tchèque ont adopté des directives en faveur de la réduction de l’éclairage. Ils ont notamment renouvelé la quasi totalité de leurs éclairages.

De retour en France, le Grenelle environnement a mis en place des dispositions relatives à la prévention de ces nuisances dans le Code de l’environnement.

Enfin, le projet Greenlight du 7 février 2000 instauré par la Direction générale de l’énergie et des transports de la Commission Européenne cherche à promouvoir des éclairages performants, en accord avec la biodiversité. Ce programme a pour but d’encourager l’installation de technologies d’éclairage optimum.