La COP27 a fait la une de l’actualité mondiale durant ce mois de novembre. La conférence internationale sur les changements climatiques tenue par l’Organisation des Nations unies s’est déroulée du 6 au 18 novembre 2022 en Égypte. Que retient-on de ces deux semaines de négociation qui ont rassemblé chefs d’État et de gouvernement, collectivités et acteurs non étatiques ?

Les Conférences des Parties, appelées COP, ont été créées lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro au Brésil en 1992. Ce rassemblement a notamment permis la définition officielle du concept de développement durable et la création d’une convention sur le climat dans le but de réduire l’impact humain sur le changement climatique et la hausse du gaz à effet de serre. Depuis 1995, les pays signataires se rencontrent chaque année afin d’échanger sur l’environnement et de prendre des mesures concrètes pour ralentir le réchauffement climatique.

La COP27 correspond donc à la 27e conférence organisée en ayant pour objectif de faire le point sur ces engagements et de continuer à prendre des mesures impactantes pour l’environnement. Elle se voulait “au service des personnes et de la planète” et avait pour objectif d’avancer sur 3 enjeux :

  • Ajuster les flux financiers mondiaux avec les objectifs de l’accord de Paris.
  • Accroître l’ambition de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en particulier avec la sortie des énergies fossiles.
  • Réitérer la solidarité avec les pays les plus vulnérables afin de leur permettre plus de résistance face au changement climatique.

Parmi les décisions et engagements pris durant cette rencontre, nous retrouvons : 

  • La protection des pays vulnérables : le G7 et l’Union Européenne se sont engagés à protéger financièrement le V20 (club des 20 pays les plus vulnérables au changement climatique) contre les risques climatiques. La France participera à hauteur de 20M€ par an. 
  • Le renforcement du fonds d’adaptation : créé en 2007, une contribution financière supplémentaire a été annoncée par plusieurs pays, dont la France, pour continuer à aider les pays en développement les plus vulnérables aux changements climatiques.
  • La transition pour la réduction de l’utilisation de charbon: l’idée est d’accompagner techniquement et financièrement les pays émergents dans une “transition climatique juste”. La France investira par exemple 1 milliard d’euros pour permettre à l’Afrique du Sud de sortir du charbon. 

Dans les autres faits majeurs, un événement One Planet s’est déroulé et a été consacré aux réserves vitales de carbone et de biodiversité. Dans le souhait de les préserver, des Partenariats pour le Conservation Positive vont être constitués par les différentes parties prenantes. Un prochain sommet One Planet aura lieu en mars 2023 à propos des enjeux forestiers.  Par ailleurs, la France a indiqué soutenir l’interdiction de l’exploitation des fonds océaniques et se rallie donc aux autres pays désirant un moratoire de précaution sur l’exploitation des grands fonds marins.

Ces avancées, principalement financières, sont positives car un investissement économique est désormais essentiel et vital pour lutter contre le réchauffement climatique et ses répercussions. 

Cependant, les dirigeants internationaux de la COP27 se sont trouvés en désaccord et en difficulté sur de nombreux points : 

  • La réduction des émissions : le maintien de l’engagement à limiter le réchauffement climatique à +1,5ºC n’a pas été simple à conserver. À l’heure actuelle, notre planète se réchauffe de 1,09ºC. Forcément, le constat du GIEC dans son 6e rapport d’évaluation environnemental est inquiétant : dans l’hypothèse où l’ensemble des pays du monde respecteraient tous leurs engagements d’ici 2030, l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5ºC serait tout de même impossible à honorer. Pourtant, la Chine questionnait le maintien de cet engagement et reprochait aux pays signataires de ne pas avoir tenu leurs engagements pris en 2009, qui consistait à supporter les pays vulnérables à hauteur de 100 milliards d’euros à partir de 2020. À l’inverse, l’Allemagne a critiqué le manque d’engagement de la Chine et l’Inde sur ces sujets, alors que ces derniers comptent parmi les plus gros émetteurs. 
  • L’accord sur la législation du greenwashing ou écoblanchiment : les pays participants ne sont pas parvenus à s’accorder et mettre en place une législation claire et efficace afin d’empêcher les entreprises à effectuer ces pratiques frauduleuses. 
  • Le consensus sur les énergies fossiles : l’objectif d’éliminer progressivement les combustibles fossiles semble être délicat à atteindre. Si nous avions cité plus haut une aide financière pour inciter certains pays à sortir du charbon, les pays producteurs de pétrole ainsi que les lobbyistes du secteur des énergies fossiles se sont largement opposés à l’arrêt de l’utilisation de ces ressources polluantes. 

De plus, il apparaît également ironique d’organiser une conférence sur le changement climatique et la réduction des émissions lorsque cette dernière a nécessité la venue de 400 jets privés, une climatisation généreuse ainsi des menus luxueux pour les personnalités publiques contrastant avec une pénurie de snacks et de boissons pour les autres participants. 

Malgré tout, la conférence de Charm el Cheikh a permis des progrès notoires notamment sur le sujet de financement contre les pertes et dommages. Ces conférences internationales sont importantes et permettent sans aucun doute de faire avancer le débat public sur l’environnement et la responsabilité des États vis-à-vis du réchauffement climatique. 

Seulement, de nombreux points restent sans réponse. Il n’est pas simple de trouver un consensus avec tous les pays participants et les décisions prises chaque année semblent être éloignées de la réalité alarmante. À l’instar de l’accord non respecté de la COP21 de Paris en 2015, beaucoup des engagements pris ne sont souvent pas honorés.

Reste à voir ce que nous réservera la prochaine COP qui aura lieu en 2023 à Dubaï, aux Emirats arabes unis, pays n’étant pas spécialement réputé pour ses engagements environnementaux.