Introduction : comprendre les enjeux d’aujourd’hui concernant nos ressources en eau.
La préservation de la ressource en eau potable est un réel enjeu depuis de nombreuses années. Elle demande une réflexion pluridisciplinaire s’appuyant sur les enjeux environnementaux et les aménagements urbains et territoriaux.
Tout d’abord , l’eau brute (eau qui n’a subi aucun traitement et qui peut alimenter une station de production d’eau potable) est prélevée à partir de l’eau douce qui s’écoule à la surface de la terre (comme les sources ou les rivières) ou à partir de l’eau de pluie qui s’infiltre dans les nappes souterraines.
En France, en moyenne, 63 % des volumes d’eaux prélevés pour la production d’eau potable proviennent des eaux souterraines.
Il faut savoir que les besoins en eau potable représentent 18% de la totalité des volumes d’eau douce prélevés. Les autres usages sont destinés à l’énergie et en grande partie à l’agriculture.
C’est là la différence entre l’eau potable et l’eau brute : elles ont la même origine mais l’une garantit un niveau de qualité supérieure et surtout compatible avec la santé alors que la seconde n’a aucun contrôle de qualité rigoureux et peut-être affectée à de nombreuses pollutions.
Cependant, utiliser de l’eau brute ne préserve pas les ressources en eau naturelle, car le volume puisé en milieu naturel est le même. La seule différence, est, comme précisé précédemment, leur traitement.
Par ailleurs, il peut être intéressant de valoriser l’utilisation des eaux non-potables (sans parler d’eau brute, mais plutôt des eaux de pluie ou d’eau recyclées) dans certaines problématiques.
Nos ressources en eau sont limitées car elles proviennent de réservoirs naturels ou artificiels qui sont épuisables. La population en perpétuelle augmentation, ses besoins en eau sont proportionnels avec sa croissance.
Marillys Macé, directrice du Centre d’Information de l’Eau, explique qu’« en Europe, notre génération consomme 8 fois plus d’eau que celle de nos grands-parents ».
Nous avons donc tout intérêt en tant que consommateurs de prendre conscience de ces enjeux et d’adapter notre mode de vie selon nos besoins.
L’utilisation de l’eau dans l’agriculture
Nous avons tous déjà été conseillé à consommer moins de viande. Qui a réellement compris pourquoi ?
En effet, l’utilisation de l’eau dans l’agriculture représente 70 % des prélèvements mondiaux en eau contre 10 % pour les usages domestiques.
L’un de ses plus importants usages est, comme vous l’avez compris, celui qui permettra de produire de la viande.
Prenons l’exemple donné par rtbf.be :
Une vache boit entre 70 et 100 litres d’eau par jour. Sachant qu’il faut environ 3 ans pour obtenir 200 kg de viande bovine, cela fait entre 76 650 et 109 500 litres d’eau. Ou de 383 à 547 litres pour un kilo de viande bovine.
Ces chiffres concernent pourtant seulement ce que la vache boit. L’empreinte écologique de la production d’un kilo de bœuf est de 15 415 litres d’eau (calcul réalisé par waterfootprint.org) car 98 % de la quantité d’eau utilisée concerne l’empreinte des ressources permettant de nourrir l’animal
« Pour un bœuf de 200kg en 3 ans de vie :
– 24 000 litres d’eau qu’il boira en 3 ans ;
– 7000 litres d’eau utilisés à la ferme et à l’abattoir ;
– 3 000 000 de litres d’eau qui se cachent derrière les 8500 kilos de grains et de fourrage qu’il mangera durant sa vie.
Total 3 031 000 litres, soit par kilo, 15 155. »
L’eau non-potable et l’urbanisation
C’est en prenant conscience de ces chiffres démesurément grands que nous pouvons poursuivre le sujet avec l’utilisation de l’eau non-potable dans les villes.
Il y a trois objectifs concernant l’utilisation de l’eau non-potable :
- Les enjeux environnementaux : la préservation des milieux naturels : réutiliser les eaux de pluie dans une démarche de développement durable, au lieu de les envoyer dans des réseaux d’assainissement et participer à une gestion de l’eau plus respectueuse
- Les enjeux sociaux : valoriser l’eau dans les villes : redonner de la place aux petites rivières et aux sources en milieux urbains, rafraichir les espaces urbains et améliorer le cadre de vie des habitants.
- Les enjeux économiques : réduire les dépenses liées à la facture d’eau : utiliser l’eau non potable pour arroser les espaces verts et nettoyer les espaces publics.
Le réseau d’eau non-potable de la ville de Paris
La ville de Paris a développé un réseau souterrain afin de rendre l’accès à l’eau non-potable possible. En effet, ces canaux sont alimentés par les eaux de la Seine et du canal de l’Ourcq. Ce réseau est utilisé essentiellement pour le nettoyage de la ville.
D’après le site eaudeparis.fr :
« De nos jours, l’eau non potable sert principalement à rendre la ville plus propre, plus saine et plus verte. Mais ce réseau offre aujourd’hui d’intéressantes perspectives de développement. Face à la nécessité d’adapter nos modes de consommation et de devenir un véritable acteur de la transition écologique et énergétique, Eau de Paris mène ainsi un certain nombre d’expérimentations en vue de développer de nouveaux usages. L’eau non potable peut par exemple devenir une énergie alternative et locale pour le fonctionnement de systèmes de chauffage et de climatisation des bâtiments, ou encore être utilisée pour rafraîchir la ville et contribuer ainsi à lutter contre les îlots de chaleur urbains. »
« >http://www.eaudeparis.fr/ac/lespace-culture/pavillon-de-leau/les-anciennes-expositions/eau-non-potable-eau-davenir/
C’est l’un des objectifs principaux de la ville de Paris : développer le réseau d’eau non-potable dans les problématiques de développement durable auxquelles le monde doit répondre aujourd’hui.
Il reste pourtant de nombreuses questions en suspens concernant le développement de ce réseau.
« En Val-de-Marne, l’utilisation d’eaux non potables est ainsi une réalité, au fil d’expérimentations isolées qui se sont développées au cas par cas au fil des besoins et en fonction des moyens disponibles. Il est à noter également le cas limitrophe de la Ville de Paris qui possède, en parallèle de son réseau d’eau potable, un réseau d’eau non potable, dont l’usage pourrait être étendu aux territoires voisins.
Le potentiel de développement des eaux non-potables est important, mais souffre d’une réglementation encore incomplète, et d’une carence en retours d’expériences au niveau national, qui freinent la mise en place de dispositifs. »
source : valdemarne.fr
Un grand débat s’est établi autour de ces questionnements concernant l’usage de l’eau non-potable dans la capitale.
L’eau non-potable et son art
La designer Isabelle Daëron a imaginé un nouvel usage des eaux non-potables de Paris. La jeune femme dit que » Ce qui est amusant et paradoxal, c’est que lorsqu’on parle d’eau et d’environnement on pense à réduction de la consommation. Alors que les conclusions du rapport de l’APUR incite justement à consommer plus d’eau de ce réseau secondaire. »
La designer travaillera donc sur différents objets qui permettront de créer de nouveaux usages à ce réseau d’eau non-potable délaissé.

En passant d’une bouche de rafraichissement pour les places publiques par une borne de nettoyage destinée aux parties communes d’immeubles, tous les moyens sont bons pour trouver des idées de développement à travers l’art et l’urbanisme.
Pour conclure, la gestion de nos eaux n’est visiblement pas encore optimale mais il est possible de pouvoir remédier à ces problématiques à différentes échelles.
Nous avons pu constater l’utilisation excessive de l’eau concernant l’agriculture. Sera-t-elle à revoir ? Il s’agira de modifier notre consommation de viande mais aussi de modifier nos techniques et moyens de production. La France n’est pas le pays qui utilise le plus les méthodes d’élevages intensifs (voir article MoreGreen sur l’élevage intensif), mais nous pouvons quand même constater qu’énormément d’éléments sont à revoir. Il ne suffit pas seulement de réduire notre temps d’utilisation d’eau sous la douche ou pour les usages domestiques, la problématique est un peu plus complexe comme vous avez pu le comprendre.
Le plus important est d’essayer d’agir, à son échelle, afin de contribuer aux changements auxquels nous devons faire face aujourd’hui et prendre en compte les différents enjeux environnementaux, économiques et sociaux.
Let’s be MoreGreen !🌱