Quatrième objectif du développement durable, l’accès à l’éducation favorise la mobilité socio-économique et constitue un moyen d’échapper à la pauvreté.
Alors que la pandémie de COVID-19 se propage dans le monde entier, une majorité de pays a imposé la fermeture temporaire des écoles ; plus de 91 % des élèves dans le monde ont été concernés. En avril 2020, la fermeture des écoles a touché près de 1,6 milliard d’enfants et de jeunes.
Jamais dans l’histoire, autant d’enfants n’ont été déscolarisés en même temps ; cette situation a perturbé leur apprentissage et bouleversé leur vie, notamment en ce qui concerne les enfants les plus vulnérables et les plus marginalisés.
Cette crise de l’éducation est qualifiée de « catastrophe générationnelle » par le Secrétaire général de l’ONU António Guterres dans sa note de synthèse élaborée sous la direction de l’UNESCO .
La pandémie mondiale de COVID-19 a de graves conséquences qui peuvent mettre en péril les progrès durement acquis dans le domaine de l’amélioration de la qualité de l’éducation au niveau mondial.
L’UNESCO, avec les gouvernements du Ghana, de la Norvège et du Royaume-Uni, a convoqué une session virtuelle de la Réunion mondiale sur l’éducation les 20 et 22 octobre afin d’obtenir de la part des dirigeants des engagements en faveur de la protection du financement de l’éducation pendant le relèvement de la COVID-19, et de se mettre d’accord sur les actions prioritaires pour 2021, qui s’articuleront autour des axes suivants:
Protection du financement national et international de l’apprentissage
À l’échelle mondiale, la part consacrée à l’éducation dans les budgets publics – environ 14,5 % – est restée stable au cours des 20 dernières années. Avec les répercussions économiques de la COVID-19, la capacité des gouvernements d’augmenter leurs recettes sera mise à rude épreuve, tandis que l’éducation devrait continuer de subir une forte concurrence des autres secteurs.
Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO a souligné que l’éducation mondiale devrait être considérée comme une priorité pour la reprise et une forme d’investissement dans l’avenir, déplorant que moins d’un pour cent des plans de reprise soient alloués à l’éducation ou à la formation.
« Si nous n’allouons pas ces fonds maintenant, nous serons confrontés à un avenir plus sombre» , a-t-elle affirmé, avertissant que le manque de financement en matière d’éducation pourrait s’élever à 200 milliards de dollars par an pour les pays les moins avancés.
Réouverture des établissements scolaires en toute sécurité
Les fermetures d’établissements scolaires qui ont eu lieu dans le monde entier en riposte à la pandémie de COVID-19 constituent une menace sans précédent pour l’éducation, la protection et le bien-être des enfants.
Tout doit être fait pour combattre l’aggravation des écarts et inégalités d’apprentissage existants, l’apparition de nouvelles disparités et le risque d’augmentation du taux de décrochage scolaire. La gestion de la reprise de l’école nécessite des mesures correctives et éventuellement des ajustements, notamment la modification du calendrier scolaire, des objectifs d’apprentissage, des modalités d’enseignement et des pratiques d’évaluation et de certification. Le Cadre pour la réouverture des écoles élaboré conjointement par l’UNESCO, l’UNICEF, la Banque mondiale et le Programme alimentaire mondial (PAM) constitue un document de référence à cet égard.
Priorité à l’inclusion, l’équité et l’égalité des genres
Amina Mohammed, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU a fait remarquer que la pandémie de COVID-19 avait clairement mis en évidence les liens vitaux entre l’éducation, l’équité et l’égalité des genres: Les fractures sociales et numériques liées au genre, au handicap, à la situation géographique, à la langue, à la situation matérielle et à d’autres facteurs ont exposé les plus défavorisés au risque de perte d’apprentissage et de décrochage scolaire.
La continuité pédagogique et le retour à l’école en toute sécurité pour tous les élèves doit être assuré si l’on veut préserver les avancées obtenues ces 20 dernières années dans le domaine de l’éducation, en particulier la réduction du nombre d’enfants déscolarisés à presque 125 millions.
Ces avancées concernent également les importants progrès de l’éducation des filles accomplis au cours des dernières décennies; l’UNESCO et ses partenaires ont récemment lancé une campagne visant à garantir que chaque fille puisse apprendre pendant que les écoles sont fermées et retourner en classe en toute sécurité lorsqu’elles rouvriront.
Réimaginer l’éducation
Environ la moitié de la population mondiale (environ 3,6 milliards de personnes) n’a toujours pas accès à Internet.
La plupart des élèves ne disposent pas du matériel, des logiciels, de l’accès Internet et des compétences numériques nécessaires pour se procurer et utiliser les contenus pédagogiques qui dépendent de la technologie.
D’après les estimations des Nations Unies, près de 500 millions d’élèves de l’enseignement préprimaire au deuxième cycle du secondaire n’ont eu aucun accès à l’apprentissage à distance, dont les trois quarts sont issus des familles les plus pauvres ou vivent dans des zones rurales.
La Vice-Secrétaire générale de l’ONU appelle ainsi à l’innovation, attestant que le retour à la « normalité » n’était « ni possible ni souhaitable » car cela reviendrait à ignorer les « profonds changements » qui se produisent dans les technologies et les marchés du travail à travers le monde.
Il est donc nécessaire de ré-imaginer l’éducation, connecter chaque école, enseignant et apprenant à l’Internet ; et de « doter les jeunes des compétences dont ils ont besoin pour s’épanouir dans un monde complexe et en évolution rapide », a expliqué la Vice-Secrétaire générale.
Ainsi, investir dans les personnes le plus à risque d’être laissées pour compte, dans des enseignants formés, dans des écoles sûres et dans la connectivité et les technologies numériques pour réimaginer l’éducation, est considéré comme essentiel afin de répondre à la nécessité mondiale urgente d’assurer la continuité pédagogique à une échelle sans précédent.