Ce n’est plus un secret pour personne, les températures se réchauffent partout, que ce soit au Pôle Nord (avec +0,75 degrés toutes les décennies depuis les années 80) ou en France (46 degrés mesurés le 26 juin 2019), et les épisodes caniculaires dus à l’activité anthropique sont de plus en plus fréquents. Avec un réchauffement précédemment établi autour des +1,5 degrés dans les années à venir, le GIEC est de plus en plus alarmant, et les prévisions dépassent les évaluations les plus pessimistes possibles : avec +3,8 degrés d’ici 2100 en France selon certains scientifiques.

L’été 2022 était l’un des plus évocateurs en termes de ravages dû au réchauffement climatique et aux mouvements de populations que cela induit malheureusement.

Qui sont les réfugiés climatiques ?

Il est intéressant de rechercher le terme “réfugiés” dans la barre de recherche de Google et de voir que la deuxième expression proposée après “réfugiés politiques” est “réfugiés climatiques”. Il s’agit donc d’un sujet de plus en plus préoccupant et considéré, à juste titre. Selon la définition du gouvernement français, un réfugié climatique est une personne contrainte de quitter son pays du fait d’une catastrophe climatique ou plus précisément du réchauffement climatique affectant son lieu de vie. La définition se précise et ajoute que ces réfugiés sont  des personnes forcées de quitter leur habitat de façon temporaire ou permanente, en raison d’une rupture environnementale (d’origine naturelle ou humaine) mettant en péril leur existence ou affectant sérieusement leur qualité de vie.

Même si des migrations de populations ont toujours existé à cause de catastrophes naturelles (inondations, ouragans, glissements de terrains…), l’activité anthropique, aggravant le réchauffement climatique, rend ces catastrophes de plus en plus fréquentes et intenses. Selon le Haut Commissariat des Nations Unies, en 2008, 21 millions de personnes ont dû être déplacées de force en raison de ces catastrophes. Selon les prévisions futures, il s’agirait de 260 millions de réfugiés d’ici 2030 et 1,2 milliard en 2100 !

D’où viennent les réfugiés climatiques ?

Certaines régions en Asie du Sud/Sud-Ouest et en Afrique sont les plus touchées. Au Pakistan, les inondations de l’été 2022 ont été les plus dévastatrices et frappantes que le pays ait jamais connu même en période de mousson. Ces événements inédits ont provoqué la mort de 1500 personnes, un tiers de la superficie du pays a été engloutie sous les eaux et plus de 33 millions de personnes ont été contraintes de se déplacer, soit près de 15% de la population totale du pays. Une situation ironiquement triste et injuste quand on sait que le pays est responsable (seulement) d’1% des émissions de gaz à effet de serre (GES) malgré le prix exorbitant qu’il en a payé l’été passé.

Planet Labs 2022

Après une canicule avec des records de chaleur à 51 degrés le 14 mai 2022, le Pakistan, tout comme l’Inde, voisin et pays frontalier, devraient se préparer à faire face aux mêmes épisodes durant les années à venir.

L’Inde a elle aussi connu des vagues de chaleurs extrêmes l’an passé, ou plutôt des canicules anormales. Qu’il fasse chaud en Inde, cela n’a rien d’exceptionnel. En revanche, l’épisode caniculaire qu’a connu le pays entre mars et mai 2022, relevait d’une intensité, d’une durée et d’une précocité des plus inhabituelles. Au total, le pays a accumulé 205 jours de chaleur extrême, avec un record de 49 degrés dans la capitale, New Delhi. La ville de Calcutta a connu sa plus longue période sans pluie (57 jours) et au moins 25 personnes sont mortes à cause des trop fortes chaleurs, dans le pays. 

En Somalie, la sécheresse qui a terrassé le pays a provoqué un énorme épisode de famine entraînant le déplacement d’au moins 1,2 millions de personnes depuis janvier 2021. Les épisodes de sécheresse sont relativement fréquents dans ce pays mais la Somalie vit sa pire sécheresse depuis 40 ans.

Quelles solutions pour les réfugiés environnementaux ?

Il s’agira d’un choix politique dans tous les cas. À priori, si ces régions du monde sont les plus touchées en matière de sécheresses, inondations et canicules, des régions comme l’Europe, l’Afrique du Sud, l’Amérique du Nord restent relativement épargnées, où le climat demeure plus ou moins tempéré tout au long de l’année, malgré les épisodes caniculaires de l’été 2022. On peut même pousser la dystopie, qui n’en n’est peut-être plus une, encore plus loin et penser que lorsque l’Europe et l’Amérique du Nord seront elles aussi invivables, les populations iront se réfugier au Pôle Nord ou en Antarctique, ou du moins ce qu’il en restera…

Alors, quelle politique adopter pour ces personnes réfugiées ? En Europe, l’existence de quotas d’accueils obligatoires de réfugiés par pays n’a pas vraiment été une réussite jusqu’ici et dans ce cas précis, il s’agissait plutôt de réfugiés politiques venant de pays en conflits (Syrie, Lybie, Afghanistan…).

Des quotas imposent également une limite maximum de personnes pouvant être accueillis et bien accueillis : infrastructures, soins, denrées alimentaires… Force est de constater que malgré des accords votés par les pays de l’Europe, ceux-ci ne sont pas unanimement respectés.

Par ailleurs, un dilemme moral sera rapidement mis sur la table : est-ce que les réfugiés climatiques doivent être accueillis en priorité face aux réfugiés politiques ? Comment pouvons nous mesurer leur capacité de survie en fonction de la gravité de la situation dans leur pays d’origine, qu’elle soit d’ordre climatique ou politique ou les deux ?

Sources : Le réchauffement climatique en France s’annonce pire que prévu | CNRS Le journal

Quelle est la température la plus élevée enregistrée en France ? | Météo-France (meteofrance.com)

Qu’est-ce qu’un réfugié climatique ?| vie-publique.fr

Réfugié climatique : fuir les conséquences du changement climatique – Oxfam France

Pakistan : des semaines après les inondations, des villages encore submergés et des millions de déplacés (francetvinfo.fr)

Somalie : la sécheresse a provoqué le déplacement de plus 68.000 personnes en un mois | ONU Info

Pour en savoir plus : Limiter le réchauffement climatique à seulement +2°C au lieu d’1.5°C est irresponsable (bonpote.com)

Mourir de chaud : à quel degré la température devient-elle mortelle ? (bonpote.com)